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Carnet de route: Mongolie Avant d'entamer ce nouveau récit, nous vous conseillons de télécharger les musiques mongoles que nous avons enregistrées dans la steppe. En voici donc quelques unes:
C'est en écoutant le chömij (chant diphonique) et les chants épiques mongols, six mois avant le départ, que nous avions choisi la musique comme thème de voyage. Et pour tout vous dire, 18 mois plus tard, nous sommes assez fiers de nos enregistrements... comme celui de cette femme (Fichier=ulanbatorchant2.mp3, Taille= 1128 ko, Origine=Oulan Bator) Donc, installez-vous, téléchargez, lancez les musiques en boucle - shuffle - repeat... et respirez un bon coup. L'avion vient de se poser.
Des gerbes d'eau confirment l'atterrissage. L'Antonov s'imobilise sur le tarmac trempé. Le temps de récupérer les vélos, nous sortons les derniers du petit aéroport d'Oulan-Bator. Pas de contrôle ni de formalités : les douaniers sont déjà partis. Un homme nous propose gentiment son aide. Il nous répète plusieurs fois son nom, qu'il griffonne sur un papier : Rvrjmchvxizl Ah ! Ça va être simple de communiquer, dans ce pays. Il pleut des chiens et des chats. Des vaches et des chevaux. Nous entrons dans la capitale par des routes criblées de bosses et de trous boueux. Dans les faubourgs, entre les bâtiments soviétiques, j'aperçois un cavalier. A l'aide d'un urga, sorte de lasso au bout d'une perche, il dirige son troupeau de chevaux. Il est si grand et sa monture si petite que l'image serait ridicule, chez nous. Mais ici, c'est juste beau. On en oublie la pluie. La Mongolie, pays de cavaliers nomades, prépare le naadam d'été ; la fête nationale. Dans quatre jours, les meilleurs chevaux du pays galoperont à Oulan-Bator. Une course épuisante de 30 kilomètres. Pour ce marathon équestre, les jockeys ont moins de dix ans. Ça valait le coup de se presser à Amritsar, nous arrivons au bon moment. Xavier est ravi d'avoir quitté l'Inde. Il est heureux aussi d'imaginer les pistes de la steppe. Elles seront forcément plus reposantes et gratifiantes que ces routes bondées du Penjab, pleines de camions qui klaxonnent au lieu de freiner. Quant à moi, j'ai peine à croire qu'un très vieux rêve va bientôt se réaliser. "L'expédition" s'organise rapidement. Dernières emplettes sur le marché central, briques de thés, tabac et bonbons pour offrir aux nomades. Nos repas ne seront pas luxueux : 2 minuts noodles, biscuits plâtreux et quelques abricots secs. Deux chevaux sont censés m'attendre à Hurjirt, où nous fêterons le naadam d'été en pleine steppe. Un couple de Français nous hèle joyeusement. Marc et Claire voyagent eux aussi à vélo depuis Paris. Ils sont passés par l'Asie Centrale. On se retrouve assis dans la cuisine de leur petit hôtel jusqu'au milieu de la nuit. D'autres voyageurs sont là, routards infatigables, intarissables, drôles. Une vraie soirée entre amis, telle qu'on n'aurait pas pu l'imaginer quelques heures plus tôt. Dans la chambre de Marc et Claire, deux Rando Cycles s'appuient contre le mur. Comme nos chers vélos, ils sont passés par
Décidément, c'est le rendez-vous des cyclistes, ici : Etienne débarque avec sa monture à deux roues. Dernier survivant des 4 vélos ( www.4velos.com ), il nous raconte sa traversée du Gobi en solitaire, avec 40 barres de céréales pour toute nourriture.Notre bus doit partir à 7h00. Nous préparons les bagages jusqu'à 5h00. Nous mettons le réveil à 6h00. Résultat : à 8h30, réveil en catastrophe. Heureusement, les bus mongols ne tiennent pas spécialement à respecter des horaires. Charger le vélo de Xav (le mien reste ici) et nos 8 sacs relève de l'exploit, dans ce bus déjà plein comme un oeuf. Le vélo est placé à l'horizontale, arrimé aux barres du plafond. Malgré les 6 sandows qui le maintiennent, on croirait une épée de Damoclès prête à fondre sur une dizaine de crânes innocents. Quant à nous, coincés entre les voyageurs et les cartons, nous apprenons ce que signifie "l'enfer des pistes". Douze heures de route pour 350 kilomètres, sans climatisation ni amortisseurs. Pas un seul enfant ne pleure, pas un mongol ne se plaint. Nous sommes les seuls étrangers à bord et tous se montrent charmants, souriants, délicats. La nuit tombe. Des rumeurs joyeuses accompagnent les bonds du bus sur la piste. Chacun se cramponne comme il peut, en riant. Après un certain laps de temps, le chauffeur s'arrête en face de deux mongols qui sourient en nous faisant signe de sortir. Tchermitcheurm et sa femme. Ce sont eux qui me vendront les chevaux après le naadam. On installe tout l'équipement dans leur 4x4 pour se rendre au campement. Nous plantons nos tentes à la lueur des phares. Au réveil, un petit cavalier de 8 ans trotte en cercle, en face des gers (yourtes). Il chante, l'air grave. Toujours les mêmes phrases, en mongol : "Je suis fort, mon cheval est fort, nous allons gagner". Son grand-père, un homme musclé et vif, lui fait boire de l'airak avant de bénir les chevaux. Puis l'enfant disparaît vers l'Est pour participer au naadam. Tchermitcheurm nous y emmène en 4x4. L'immense plaine qui jouxte Hurjirt résonne de hennissements. Partout, des petits chevaux trapus. Les mêmes qui permirent à Genghis Khan de conquérir le monde, de la Chine à la Hongrie, au XIIIème siècle. On reconnaît les jockeys à leur frimousse concentrée et leurs brassards fait main. Certains ont à peine 5 ans. Parmi ces minuscules centaures, beaucoup montent sans selle. Comment font les garçons pour trotter à cru malgré l'échine saillante? C'est du masochisme ! Les courses se succèdent. Rougis par l'effort, les gamins arrivent dans un dernier sprint, après trente kilomètres éreintants. Pour info, à Longchamp ou Auteuil, les courses ne dépassent pas trois kilomètres. Trente kilomètres, c'est énorme. Parfois, les chevaux galopent sans cavalier, tombé d'épuisement en cours de route. Le plus étrange reste l'accueil peu démonstratif des parents, à l'arrivée. Même les premiers sont à peine félicités, bien qu'on sente leurs proches fiers et heureux. Mais aucun enfant n'a l'air d'en souffrir non plus. C'est un principe d'éducation qui forge la modestie. Pas de petits rois chez les mongols. Les bébés sont emmaillotés et apprennent à rester des heures sans bouger ni rien exiger. Dès qu'ils savent marcher, on les pose sur une selle. Pendant les vacances, ils gardent les troupeaux. Ils participent aux tâches à hauteur de leurs forces. Je ne sais si la crise d'adolescence existe chez les mongols. Dans la steppe, on ne joue pas au rebelle. Et on apprend vite à être autonome. Tchermitcheurm nous raccompagne en faisant la tournée des gers. Vodka et airak (lait de jument fermentée) à volonté. C'est avant de boire qu'on chante. (steppelaitdeyak.mp3, Taille= 541 ko, Origine=Ger dans la steppe). Si on chante mal, il faut boire et boire encore. Reboire et manger. Du mouton aux nouilles, des nouilles au mouton, du beurre sucré, des aarouls (fromages durs comme de la pierre)... L'hospitalité n'est pas un vain mot. La gastronomie, si. Leur petit garçon est arrivé 3ième mais nous sommes quasiment les seuls à le féliciter. Du reste, il nous regarde sans comprendre notre enthousiasme. La fonctionnalité des gers nous impressionne. (Ne surtout pas dire "yourte" en Mongolie. Ce mot est russe, ça les vexe). Pas de prise au vent, espace maximalisé, chaleur conservée. Ils fabriquent tout à la main avec les moyens du bord. Les nomades nous épatent. Capables de bâtir leur maison portable, de vivre en autarcie, de supporter des hivers à -40°. Ils n'ont pas besoin d'électricité et produisent leur nourriture, invariablement à base de viande et de lait. Ils savent construire et réparer tout ce dont ils se servent. Avec du bois et du cuir, ils peuvent tout. Lorsque le bois manque, ils utilisent la bouse de yack comme combustible. Besoin de personne et ouverts à tous: inutile de frapper lorsqu'on entre dans une ger. Chacun y reçoit thé et aarouls. Une nouvelle aube se lève. Celle du grand jour. Je vais choisir et acheter mes chevaux. MES chevaux. Le prix est déjà fixé (150 US$ par tête) et Tchermitcheurm me propose le premier. Bai brun, presque noir, il est plutôt maigre et plutôt laid. Une fois en selle, je l'adopte. A la moindre sollicitation des jambes, il galope ventre à terre. On tend les rênes et il s'arrête. Tellement idéal que j'en oublie de regarder les dents et tâter les tendons. On m'en propose un autre, plus grand, pie comme un cheval indien. Au trot, il se montre beaucoup plus mou. Or, je veux des chevaux qui aient la même allure. De mauvaise grâce, Tchermitcheurm m'attrape une jument dans le troupeau. Elle disparaît lorsqu'il essaye de lui poser la selle. Non merci. Il en isole une autre, un peu maigrichonne. Elle accepte les entraves et semble aller de l'avant. Je sens que Tchermitcheurm et les siens en ont marre. Nous aussi nous sommes pressés de partir. Je demande toutefois à essayer un autre cheval, aussi dynamique que le petit noir mais on me fait comprendre que ça me coûterait beaucoup plus cher. Pourtant 150 US$, c'est déjà le prix d'un bon cheval, ici. Toutes les parties en cuir sont dures et craquelées, surtout les rênes, ce qui n'est guère rassurant. Quant au mors, il ne pourrait pas être plus artisanal. Le centre se défait tout seul. Tchermitcheurm le resserre avec une pince. Je me sens un peu prise au piège puisque je ne peux pas sortir de ce campement pour voir s'il y a mieux ailleurs. J'ai trop d'affaires à trimbaler. Comme moi, Xavier note que l'hospitalité s'est bien émoussée depuis que l'affaire est entendue. Je perds l'espoir d'obtenir un autre cheval de bât ou du meilleur matériel. Il est temps de partir. Tchermitcheurm m'explique aimablement comment faire les noeuds du bât. Je regarde, un peu distraite par la lente prise de conscience de ce qui m'attend. Le bât est fixé, le vélo de Xav' est chargé, nous prenons un dernier verre d'airak avant de partir pour Hurjirt. "Il y aura la steppe vide, deux chevaux, un vélo". Voici 18 mois, nous l'écrivions dans la Très vite, ça se transforme en "La steppe vide, un vélo, deux chevaux". Xav' me devance largement. J'avais raison de douter de cette jument, elle s'arrête régulièrement et marche d'un pas de tortue. Pour faire avancer leurs chevaux, les mongols leur crient "tchou, tchou, tchou". C'est décidé, elle s'appellera Tchou-Tchou. Au moins, le nom sera utile. Plusieurs fois, elle s'arrête comme un âne rétif, clouée au sol. Je ne suis pas de nature patiente et ça m'horripile. Je hurle son nom si vite trouvé, sans grands effets. Pour couronner le tout, le bât penche soit à droite, soit à gauche, mais il penche. Finalement ce n'était pas une idée brillante d'utiliser mes sacoches de vélo. De loin, Xavier filme la scène, amusé. De près, il a le tact d'afficher un sourire compatissant. Un instant, je suis tentée de revenir au campement pour exiger un autre cheval. Mais ce serait trop vexant. Heureusement, le petit bai brun est parfait. Son nom s'impose tout aussi vite : Saïn mori, le Bon Cheval. Il me faut près deux heures pour franchir les 5 misérables kilomètres qui me séparent d'Hurjirt. On m'avait assuré que les chevaux mongols pouvaient parcourir 150 km par jour. Hum, hum. Xav' m'attend depuis longtemps. L'épicier accepte de nous héberger dans son jardin. J'attache les chevaux à des poteaux électriques, sur un terrain vague. Leurs longues longes leur permettent de manger à leur faim pour plusieurs heures. Les mongols ne donnent jamais d'avoine en été. Les chevaux marchent le jour et broutent la nuit. Pratique. Dans le jardin de l'épicier, un festin se prépare. Il a chassé deux marmottes et les cuit dans leur peau : les petites bêtes, décapitées, sont vidées de leurs viscères. Puis il place des pierres brûlantes à l'intérieur et referme le cou à l'aide d'un fil de fer. Les marmottes rôtissent le corps gonflé par la pression et les quatre pattes écartées. C'est assez ignoble à voir. Je m'éloigne pour vérifier que mes chevaux vont bien. Catastrophe ! La jument a disparu. Sa corde est soigneusement lovée contre le poteau mais elle n'est plus au bout. Me l'aurait-on volée ? Je reviens en hurlant "Mori, pfuuut" en m'expliquant par gestes. L'épicier m'accompagne et la retrouve un peu plus loin. Patiemment, il m'explique comment faire des noeuds. Pendant une heure, je m'y entraîne avant d'être appelée pour le repas. Au dîner, donc, viande de marmotte, jus de marmotte, graisse de marmotte. Pas de légumes ni de riz. Une effroyable odeur de gibier envahit la cuisine mais à notre grande surprise, c'est délicieux. Fumé et grillé à la fois. Notre hôte a invité ses amis. Nous sommes dix à table et les deux marmottes suffisent. Nous passons la soirée à communiquer comme on peut, par gestes, en montrant des photos, en sortant la mappemonde, en leur faisant écouter les musiques du site. L'airak et l'arki (vodka mongole) coulent à flot. Les rires des invités ponctuent encore nos rêves, lorsque nous nous endormons dans le jardin. "Rendez-vous dans trois jours à la cascade. Profites-en bien..." Depuis des années, j'en rêvais. Sans trop oser y croire. A cheval, seule, dans la steppe mongole. Waouw. M'y voilà. Je serre mon bât en pensant "Pourvu que ça tienne". Un kilomètre plus loin, deux gourdes tombent et mon cheval s'écarte brutalement. Je descends pour les ramasser... Mes carnes en profitent pour se faire la belle. Aïe aïe aïe... Heureusement, un mongol qui a vu la scène me les ramène au bout de dix minutes. Un peu plus loin, Tchou-Tchou semble inquiète. Coup d'oeil sur le bât : la corde est quasiment défaite. La sacoche penche dangereusement à droite et la tente s'apprête à tomber. Merde, il manque mon tapis de sol. moN LIT ! J'entrave les chevaux pour aller le chercher. Impossible de le retrouver. Au loin, trop loin, un petit garçon ramasse un truc et repart à cheval. Tant pis, je dormirai par terre. Alors, laquelle est-ce, la piste pour Bat Oy Zyi ? D'après la boussole, c'est vers cette vallée, à gauche. Je repars un peu grognon. Mes deux chevaux n'ont pas du tout la même allure. La jument de bât se traîne mollement pendant que l'autre marche plutôt vite. Résultat : j'ai les bras écartelés en permanence. "Allez TchouTchou, avance ma jolie. Avance, tu es pénible. (...) AVANCE GROSSE CONNE ! " J'essuie les premières pluies. Humeur de chien. Aux abords d'une ger, des enfants m'interpellent. Leur père, complètement ivre, me prend par les épaules pour m'emmener boire de la vodka. Décidément, ça commence bien. Heureusement, dans la ger, ses fils, sa femme, sa mère, tous les autres offrent une hospitalité simple, réparatrice. Echange de présents. J'offre tabac et brique de thé. Miam, on me tend des bols de Tsai salé et des blocs de beurre sucré. Surtout, ne pas grimacer. Ils le mangent, donc, ça se mange. Un peu de vodka, bait-la (merci), ça ira... La pluie cesse, je remonte en selle. Pour seul but, de grandes collines, d'immenses collines à traverser. Le moral n'ira pas mieux si je ne fais aucun effort. Alors je me parle tout haut, avant de chanter et crier de joie. J'y suis dans mon rêve. "Isabelle, arrête de te plaindre, regarde autour de toi!" C'est à ce moment-là que ce voyage à cheval démarre vraiment. Vue l'étendue - édifiante - des compétences dont j'ai fait preuve, j'ai décidé de me faire Tour Opérator sur ce circuit. Voilà le programme: |
Les Vacances
GALERES POUR TOUS vous proposentun circuit très spécial :
Bécassine en Mongolie
FICHE TECHNIQUE :
VOS TEMPS FORTS :
PROGRAMME AU JOUR LE JOUR :
1er jour :
Réveil en catastrophe. Transfert en minibus sans confort d'Oulan-Bator vers Hurjirt. Quinze heures de trajet les jambes coincées sous des cartons et le corps malmené par les sièges en bois. Tchermitcheurm, qui vous vendra les chevaux, vous amène en 4x4 jusqu'à son campement.2ième jour :
Vous assistez au Naadam d'Hurjirt. Ambiance magnifique, dels chatoyantes, chevaux fringants et enfants jockeys. Très belle journée. Profitez-en.3ième jour :
Achat des chevaux. Après avoir essayé un excellent petit hongre noir, vous finissez par accepter la carne alezane qu'on vous propose pour le bât. Le matériel est franchement douteux. De toutes les façons, c'est ça ou rien. Dès les premiers kilomètres, votre jument vous exaspère. Vous réalisez également que vous auriez dû mieux écouter lorsqu'on vous enseignait les noeuds. Pendant la soirée, un de vos chevaux disparaît : vous l'aviez mal attaché. Au dîner, vous vous régalez de marmotte cuite dans sa peau.5 kilomètres à cheval.
4ième jour :
Grand départ pour l'aventure. Vous perdez votre lit au bout d'un kilomètre. Toutes les 20 minutes, vous descendez de cheval pour refaire ces foutus noeuds. Tchou-Tchou vous horripile par sa lenteur. Il pleut. Vous en avez déjà marre. Après une vodka et quelques bols de thé salé, la bonne humeur revient. A 17h, vous vous arrêtez (trop mal au cul) au milieu de rien. Le réchaud ne marchant pas, vous mangez des pâtes instantanées froides. Un mongol vient vous rejoindre, à cheval. Vous lui offrez sa photo au polaroïd. Il disparaît dans le noir.20 km à cheval.
5ième jour :
A six heures du matin, le mongol de la veille vous réveille. Il a amené ses deux filles pour que vous fassiez d'autres photos. En échange, il vous offre deux litres d'airak et un kilo d'aarul.Il vous faut deux heures pour lever le camp et installer votre bât. Paysages magnifiques sur votre droite. D'après la carte, il s'agirait de Dartiyn Tohoy. Mais suivez-vous vraiment ce chemin indiqué sur la carte ? Où est donc passée votre boussole ? Nuit à Bat Oi Ziy dans le jardin de l'épicier.
30 kilomètres à cheval.
6ième jour :
Après une heure en selle, vous vous octroyez une pause de deux heures près d'une rivière. Personne à l'horizon, sauf vos chevaux qui ratissent soigneusement l'herbe rase. Lecture, baignade, bains de soleil. Pour un peu, vous vous croiriez en vacances. Votre selle en bois vous inflige ensuite huit heures de supplice jusqu'à Ulaan Tsatgalan. Près de la cascade, vous retrouvez votre cousin. Son vélo ne s'est jamais échappé. C'est pas si mal, le vélo...Le soir, vous écoutez un musicien mongol pratiquer le
surprenant chant diphonique
(ATTENTION: vous l'avez peut-être déjà téléchargé, en début de cette page; Fichier=ulantsutgalaanchomij1.mp3, Taille= 990 ko, Origine=steppe mongole).
35 kilomètres à cheval 7ième jour :
Journée farniente. Lecture, écriture, lessives, baignades...
En fin de journée, une vingtaine de cavaliers de notre concurrent "Terre d'Aventures" installent leur campement sur votre territoire. Selles confortables, repas dignes de ce nom, bât transporté par 4x4... non vous n'êtes pas envieuse. "Mais si vous pouviez jeter un coup d'oeil sur mes sangles, ça me rassurerait..."
Sur leurs conseils, vous décidez d'aller vers les 8 lacs, au Sud-Ouest. Il n'y a pas de pistes ni de nomades dans cette région. Qu'importe. Visiblement c'est de toute beauté.
0 kilomètre à cheval.
8ième jour :
Dernière à lever le camp, vous partez donc pour les 8 lacs, avec un cap de boussole pour toute indication (220° Sud-Ouest). Soudain, votre carne de bât disparaît à l'horizon.
Finalement, votre brave Sain mori accepte de se laisser attraper. Après 3/4 d'heures de triple galop, vous finissez par récupérer votre jument (grâce à un mongol) et il vous faut deux heures pour retourner au lieu du "drame". Malgré cette longue absence, on ne vous a rien piqué. Appareils photos, pellicules, fringues, presque tout est là... sauf vos cassettes vidéo de Bénarès auxquelles vous teniez tant.
35 kilomètres aller-retour au pas, au triple galop puis au pas en pestant.
9ième jour :
Il pleut. A 220° au Sud-Ouest, les montagnes sont noyées dans le brouillard. Autrement dit, si vous aviez eu le même problème aujourd'hui, dans ces montagnes boisées, vous étiez totalement perdue. Cette certitude vous met de bonne humeur pour la journée. Vous recousez toutes les sacoches déchirées par l'incident avant de retourner vers la cascade. Finalement, ce n'était peut-être pas une bonne idée d'aller seule aux lacs.
Près de la cascade, deux charmants Italiens vous proposent de partager des pâtes aux légumes frais. DES LEGUMES FRAIS ! Vous vous endormez ravie en oubliant votre lit de pierres.
12 kilomètres à cheval.
10ième jour :
Grasse matinée, couture et exploration des environs à la recherche d'une nouvelle selle. Dans un campement mongol, on vous en vend une encore moins confortable mais avec des sangles plus solides. En prime, on vous offre du beurre à manger tout de suite, sans pain. Et un sac de cailloux-fromages.
Baignade absolument inoubliable dans la cascade, sous l'orage, en bonne compagnie. Deuxième dîner délicieux avec Matteo et sa soeur Paola, que vous êtes heureuse d'avoir rencontrés. Finalement, merci Tchou Tchou. (et à bientôt Matteo, cf. Carnet de bord Bresil et Portugal...)
6 kilomètres à cheval.
11ième jour :
Levée à 8h00, vous êtes enfin prête vers midi. Il fait beau, les oiseaux chantent, le bât tient, les chevaux marchent d'un bon pas. Vous décidez de quitter la piste pour couper par les montagnes. Sur une arête, la beauté majestueuse du paysage vous incite à descendre de selle. La palette des verts est surprenante. Des flaques d'ombre galopent d'une vallée à l'autre, en fonction des nuages. Une lumière dorée habille l'ensemble.
Après une longue méditation qui ne fera pas
Nuit paisible dans votre tente secouée par le vent.
35 kilomètres
12ième jour :
Les nomades vous réveillent pour la traite des yacks. Voilà la Mongolie telle que vous la rêviez. Pure. Immuable. Petit déjeuner au gras de mouton. Les enfants pépient, les femmes vous demandent un énième polaroïd, les hommes une énième course à cheval. Vous réalisez que le vent et la solitude vous manquent. Besoin de partir, malgré leur gentillesse. L'errance est une drogue; vous êtes accroc.
Une rivière de plus à traverser. Vous engagez vos chevaux en pensant avoir trouvé le gué. Leurs sabots glissent sur ce fond instable, ils avancent de mauvaise grâce. En plein milieu, votre jument perd pied et se met à nager, emportée par un courant puissant. L'autre cheval (et tout votre matériel) reste au bout de votre bras. L'eau vous arrive aux genoux. Vous vous trouvez très conne.
Campement dans la steppe vide, sous un ciel rose fuchsia. Vos couvertures - tapis de selle sont trempées. Vous n'avez toujours pas de lit. Les nouilles instantanées sont toujours aussi fades. Les vacances "Galères Pour Tous" vous souhaitent une bonne nuit.
35 km à cheval.
13ième jour :
Vous profitez de votre seul luxe, le seul luxe inestimable : glander. Assise à dessiner, couchée à rêvasser, à cheval émerveillée, le temps est suspendu. A hauteur de selle, des faucons planent en cherchant les rongeurs. Le bruit métallique d'étranges criquets ailés accompagne votre marche.
Dans chaque campement, vous trinquez avec des nomades hilares. Qui vous proposent gentiment de coucher avec eux.
Pour cette raison, vous êtes obligée de défaire votre tente à la tombée de la nuit. Mais vous aviez toujours voulu cavaler de nuit, donc ça tombe bien. Dans l'obscurité totale, un cavalier vous suit en chantant. Il disparaît comme il est venu. Vous plantez votre tente près d'un ruisseau, à l'aveugle.
25 kilomètres à cheval dont 10 en pleine nuit.
14ième jour :
Vos courbatures ont évolué. Après les fesses et les genoux, vos épaules se raidissent et le torticolis menace. Il pleuvine. Dehors, un enfant parle en faisant le tour de la tente. Il revient avec ses frères et sa mère. Folle de joie en recevant les polaroïds, la petite famille vous invite dans sa minuscule ger. Il y règne une misère propre, mais une misère certaine. Les bouses de yack servent de combustible et des bouts de gras séchés pendent sur un fil. Rien n'est accessoire. Pas d'habits en réserve. Comment font-ils pour survivre en hiver, par -40° ? Et vous vous plaignez d'avoir mal au cul ?
Vous regagnez Hurjirt en scrutant le sol inutilement : votre tapis de sol n'est pas là. Un épicier vous invite à dormir dans le réduit de son jardin.
30 kilomètres à cheval.
15ième jour :
Votre cousin n'arrivant que demain, vous profitez de la journée pour écrire et dessiner. Il pleut. La famille de l'épicier s'avère curieuse et avenante. En revanche, vous ne supportez plus l'airak. Ni l'arkhi. Ni les aarouls. Ni les pâtes au gras de mouton. Ni les nouilles instantanées. Ni les gâteaux plâtrés. Pour la première fois de votre vie, vous arrivez à faire un régime.
Journée de repos.
0 kilomètre à cheval.
16ième jour :
D'intuition, vous seriez partie dans l'autre sens. Heureusement, vous faites plus confiance à la boussole. Cap plein Nord vers Karakorum, appelé aussi Rharorin, Rharhkhorum, Hhararum... de toutes les façons, aucun nomade ne vous comprendra. Vive les boussoles.
Interrompant brusquement sa marche, Tchou-Tchou se couche par terre alors que vous êtes sur son dos. Surprise, vous vous extirpez de la selle et elle en profite pour fuir. Vous la rattrapez au vol. Il se met à pleuvoir. Vous remontez en selle assez fumasse.
Votre étrivière droite, que vous aviez accroché vous-même, tombe par terre. Tchou-Tchou en profite pour partir au triple galop. Comme vous teniez fermement la longe du cheval de bât (qui reste immobile) vous vous cassez la gueule en vous arrachant la peau des doigts. Votre pied gauche reste coincé dans l'étrier et vous êtes traînée sur plusieurs mètres comme un sac à patates. Finalement, la botte glisse et votre chère alezane disparaît à l'horizon. Vous vous jurez de la transformez en steak.
Pendant que vous pansez vos plaies, un miraculeux cavalier vous ramène Tchou-Tchou. Vous reprenez la piste invisible. L'aspect sauvage et austère des paysages vous apaise peu à peu. Dans cet océan d'herbe rase, les rochers sont jetés comme des embruns. Au loin, un mongol chasse, couché derrière son fusil. A part lui, il n'y a personne. Sauf quelques vautours qui planent en cercle.
Vos montures escaladent bravement les versants. Dans les descentes, vous êtes à pied pour soulager vos fesses. Le ciel livide retrouve quelques couleurs avant de devenir gris acier. Une lumière extraordinaire passe sous les nuages. Elle irradie les ovos, ces amas de cailloux placés sur les sommets pour obtenir la bonté des dieux. Etrange atmosphère. Vous n'oseriez jamais dormir seule ici.
Dans une vallée, des yacks se partagent le serpent vert émeraude d'un ruisseau tari. Derrière s'annonce une forêt à traverser. La pluie chante sur les feuilles. Vous rêvassez, ballottée sur le bois dur de la selle. A la tombée de la nuit, vous plantez la tente près d'un campement. Malgré votre chute matinale, vos doigts sanglants et votre corps meurtri, vous venez de passer une journée qui justifie tous les sacrifices.
32 kilomètres à cheval.
17ième jour
Levée à l'aube, vous photographiez le quotidien des nomades. Un troupeau de chevaux fuit devant l'urga. Deux fillettes jouent en face d'une ger. Une petite vieille regarde longuement le ciel avant de retourner se coucher. Deux femmes bavardent en récoltant le lait des juments. Les polaroïds déchaînent moins de passions mais autant de sourires. Au petit déjeuner, on vous offre du beurre sucré et des aaruls. Un gamin de 10 ans vous aide à bâter votre cheval. Vous lui faites plus confiance qu'à vous-même, pour les noeuds.
"Hrharhorin" n'est plus très loin. Le voyage touche à sa fin. Le mal au cul s'est transformé en douleurs rampantes. Vous achevez vos derniers kilomètres en longeant la route asphaltée. Après tant de silence, on se croirait sur l'autoroute. Vous retrouvez votre cousin devant le monastère bouddhiste. Il ne reste plus qu'à vendre les chevaux et retourner à Oulan-Bator. Un beau rêve vient de s'achever. Et malgré toutes les galères, vous ne regrettez rien. C'était le prix à payer pour des souvenirs totalement inoubliables.
12 kilomètres à cheval
18ième et 19ième jour
Vous vous doutiez que cela ne serait pas facile de vendre vos chevaux. Mais ça dépasse vos pires pronostics. Les maquignons achètent à l'usure. Ils regardent les dents de Saïn mori avant de s'esclaffer. Quant à Tchou-Tchou, ils vous expliquent par gestes qu'elle est juste bonne à manger. Ce que vous leur accorderiez bien volontiers si vous ne tentiez pas de la vendre.
Au bout d'un moment, vous êtes prête à les lâcher dans la steppe plutôt que d'en tirer le 1/7ième de leur valeur, seule offre qu'on vous ait faite. Parfois, on vous propose un prix raisonnable avant de vous rire au nez et de vous tourner le dos. Un couple de Belges vous aide à garder le moral et vous héberge dans leur ger camp. Ils sont charmants et passionnants. Grâce à eux, vous relativisez. Un rêve n'a pas de prix.
Le 19ième jour, à 12h45, vous voyez vos chevaux disparaître au loin. Mais cette fois, vous n'aurez plus à courir derrière pour les rattraper.
Une vraie mélancolie s'empare de vous. Même Tchou-Tchou vous manque.
Vous redevenez bipède.
NB 1 : Comme nous avons vécu des choses totalement différentes, ce récit de voyage est très incomplet. Vous pourrez bientôt télécharger le texte de Xavier, pour connaître sa propre vision de la Mongolie. Ses textes sur la Libye/ Egypte/ Jordanie/ Syrie/ Turquie/ Iran/ Pakistan/ Inde sont déjà accessibles depuis le bas des pages Carnet de bord rédigés par Isabelle. Les autres pays ne tarderont pas à suivre.
NB 2 : Pour ceux qui doutent du professionnalisme de GALERES POUR TOUS, nous pouvons vous recommander un vrai voyagiste en Mongolie. Hervé Biron vit sur place depuis 5 ans. Il est marié à une mongole et pourra vous organiser des circuits sur mesure en fonction de votre budget.
Vous pouvez le contacter par :
Hervé Biron
P/O Box 164
211 238 Ulaan Baatar
Mongolie
C'est si simple de nous écrire un e-mail, et puis, si vous saviez comme ça nous aide à pédaler (ou galoper).
Quelques mots de Xav':
Ou alors vous préférez que nous restions en Mongolie...
Les 500 km de piste de Xavier sont à portée de clic:
mongoliexavier.rtf (80 ko) et la carte qui
l'accompagne:
carteMongolie.tif (22 ko). La Mongolie, sur un autre fauteuil.
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