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Carnet de route: Malaisie-Singapour


22 novembre 2000:
    - Là, cette cellule, avec les barreaux, ce serait parfait.
    - Vous voulez dormir en prison ? Vraiment ? Je vais interroger mon supérieur.
Le gardien de la prison n'a que faire de nous. Mais voilà bien dix mois que nous n'avons pas dormi dans une cellule et... c'est si confortable.

MANGER aussi... Les trois mandarines achetées en Thaïlande ont fondu, et nos estomacs sont vides.
Pas d'argent, car pas de distributeur automatique à la frontière. Schéma classique. On est habitués. 45 kilomètres avant la première ville d'importance.

La prison nous est refusée. Trouver un autre gîte ? Les douaniers auront peut-être un hangar vide... L'aide de camp, Musa mohd Safri, des General Operation Forces (lutte anti-contrebande) s'affaire sur son petit téléphone.

    - En m'attendant, asseyez-vous ici et mangez, si ce n'est pas trop épicé. Du poulet et du riz, ça vous va ?

Après un coup de fil éclair, Musa nous regarde en souriant :

    - Vous allez dormir dans un bungalow ce soir, sur pilotis, au dessus de la mer. Non, ce ne sera pas trop cher. Ne me remerciez pas, ça me fait plaisir. Bienvenue en Malaisie.
La maison voisine est la demeure du roi : ici, neuf familles royales au lieu d'une seule se partagent le pays et aussi leurs lots de scandales piquants et de séparations conjugales. Mais si elles font l'objet de multiples critiques, jamais elles ne sont exprimées à haute voix, car critiquer la royauté peut mener en prison. Ces 9 sultans, à la tête des 9 états de Malaisie, restent donc à l'abri de la loi.

Et nous nous endormons dans notre palace, aux frais du sultan.

Jusqu ici, rien ne nous a arretes, non ? Lorsque les premières vagues matinales viennent caresser les pilotis, Musa arrive : "Hey, guys, isn't it time for breakfast ? I'll be waiting for you in the restaurant over there".

Première étape : obtenir des renseignements sur les Orang Asli, les tribus de la jungle de Malaisie.

    - Des Orang Asli ? Bien sûr que je sais où les trouver. Mais vous n'en verrez pas, car vous n'y arriverez pas. Tout est inondé. Les routes sont coupées.
Une information dont on se serait passé. On essaiera tout de même: jusqu'ici, rien ne nous a arrêtés, non ?

La route humide n'est pas très longue jusqu'à la jungle. Les palmiers succèdent aux palmiers, et ici et là, la nature tente de reprendre ses droits. Les iguanes de 2,50 mètres de long morts sur la route ont fait place à des orangs-outangs écrasés sur le bitume, leur progéniture déchiquetée, expédiée dix mètres en aval.

C'est le deuxième jour du ramadan. A 17h30, au chant du Muezzin a succédé un son strident, un son que nous aimons : le hurlement du pee-naï – la flûte de la Thaïlande du sud (Fichier=thailand-pinai-singprajim.mp3; Taille=1.5 Mo)-, répercuté de proche en proche par les haut-parleurs des mosquées camouflées dans la forêt équatoriale.

Il fait noir. Isabelle caracole en tête: "De la musique ici, tu es fou, ou tu rêves !".
Une lueur s'échappe de la palmeraie. "Essayons là, peut-être est-ce un endroit pour dormir ?"
Mohammed, dérangé en plein Iftar (cessation quotidienne du jeûne), ne sait trop que faire de nous. Il lâche finalement "you follow me".
Nous suivons le gros Mohammed à l'estomac vide, monté sur sa petite mobylette chinoise, dans une épaisse noirceur, jusqu'au hameau voisin.
Mohammed nous ouvre sa future maison, vide. "I live here after wedding. Now, empty. This good ?"

1: Faire gouter mon Ricore fetiche  2-leur faire essayer un pate avec 0% de porc  3-leur faire comprendre que c'est bon Nos sourires heureux lui répondent au mieux. Et Mohammed nous abandonne sa maison. Pendant que le vendeur de hamburgers à 2 F s'occupe de nous, une multitude d'enfants envahit "notre maison".
Adapter nos activités: d'abord, leur faire goûter mon Ricoré fétiche et leur faire comprendre que c'est bon, malgré leurs grimaces. Ensuite, leur faire essayer un pâté avec 0% de porc. Pas plus de succès.

Goa Musang : notre premier réservoir à musiques tribales. Ada, du syndicat Orang Asli, nous accueille, nous donne des informations précises sur le village où nous trouverons nos Orang Asli, et nous traduit en Orang Asli quelques phrases type qui nous permettront de nous faire comprendre sans équivoque (que nous croyons).

Nous orientons nos roues vers l'est : notre premier objectif n'est qu'à 30 km. Le ruban de bitume déroulé dans la jungle touffue et montagneuse nous mène à Kuala Betis, le dernier village "civilisé".

Derniers sourires avant de tourner à gauche, un vague panneau perdu dans les broussailles indique timidement le village de Lambô, notre destination. Premiers kilomètres de jungle. Toujours la même impression : mais que c'est beau.
Camions de transport de troncs. Poussière. Échange de sourires : les pistes, c'est la recette habituelle qui nous convient depuis la Tunisie.

Premiers kilomètres de jungle. Toujours la meme impression...
    - Isa, tu crois qu'on a déjà parcouru les 2 km qui nous séparaient le Lambô ?
    - Je crois. Le compteur indique qu'on a roulé 5 km.
    - Ah !?!
Une voiture arrive.
    - Hi, where Lambô ?
    - Lambô ! Yes, straight ahead : seven thousand sixteen meters ahead, straight ahead !
    - Thanks. Isa, il dit tout droit pendant 7016 mètres; on fait demi-tour, ok ?
Hé oui, 500 mètres en arrière, le village de Lambô nous surprend: une maison, un tuyau d'arrosage, une mobylette. Nous aurions dû nous douter que c'était cela, Lambô.

Une fille de 14 ans parle anglais. Elle entame les pourparlers:

    - I don't know !
    - What don't you know ?
    - I don't know.
    - Xav, tu comprends ce qu'elle ne sait pas ?
    - Non, je ne sais pas.

A très petits pas et avec moult gestes, nous parlons de notre quête musicale, de la jungle qui nous attire. Le message passe.

    - Yes, talk with father. Father not speak english.

Mais en fait Father speaks little english, car father, lui y'en a dire :"yes", "no", assez souvent. Et puis father content de voir que nous vouloir écouter musique Orang Asli; father être bon vivant, et même franchement amical.

Father dire que O.K., les voisins venir ce soir jouer musique, et que O.K. nous collecter du bois pour un grand feu.

Et puis quand Father parle anglais, nous nous rappeler à quel point on parlait comme lui en arabe, sauf que nous, on ne connaissait que 300 mots.

Isa est notre porte-parole. Elle tourne sa petite mappemonde indique du doigt notre itinreraire. Isa est notre porte-parole. Elle tourne sa petite mappemonde accrochée à l'arrière du vélo, indique du doigt notre itinéraire. Les enfants qui sont là l'écoutent les yeux écarquillés. Savent-ils que la terre est ronde ? Cela a-t-il un sens ? Isa pointe du doigt une trace colorée sur la boule de plastique, sort une photo du désert saharien. Du sable ! Pas d'arbres ! Pas de ruisseaux ! "This Libya ! No trees. EveryBODY like this" (en exhibant la photo d'un touareg).

"In Sahara, camels everywhere" en désignant le petit chameau tunisien posé sur mon vélo.

Ca, les enfants comprennent. Comme tous ces enfants que nous avons croisés depuis le départ, leurs petits doigts écrasent la bosse de mon chameau , tirant, perplexes, les quelques poils encore présents malgré les 13.000 kilomètres d'intempéries. Ils ont compris que nous venons de loin, mais cela signifie-t-il quelque chose pour eux ?

Malgré les clichés que nous sortons, notre monde reste une abstraction dans l'esprit de beaucoup d'entre eux.

Je rassemble quelques enfants et nous partons ramasser du bois. Mes petits volontaires enthousiastes prennent un plaisir non dissimulé à dénicher la plus grande branche possible. 6 ans à peine et le petit Robin-des-bois manie la machette, débite troncs et bambous aussi adroitement que j'utilise la fourchette (Fichier = malaisie-junglelife.mp3; Taille = 889 ko; vous entendrez les sons de machette, scie et la jungle la nuit). Un tas de bûches, de dimension impressionnante, nous permet d'imaginer une soirée autour d'un feu magique. Mais comment allumer le feu ? La pyromanie n'est pas mon fort. Les voisins qui commencent à débarquer, par groupe de quatre ou cinq, s'en chargent.


Les enfants les plus jeunes s'emparent des premiers tronçons de bambous et partent jouer leur musique autour de leur petit brasier personnel (Fichier = malaisie-children-bamboo.mp3; Taille = 544 ko). Pas plus de 5 ans, le premier enfant qui se lève et ne résiste pas au plaisir de laisser onduler son corps au rythme des chants de ses amis. Pour notre part, nous cédons vite aussi à un autre plaisir, celui de poser la caméra vidéo sur son trépied, lancer l'enregistrement sur le MiniDisc et laisser l'électronique faire son travail.

Vivre ces instants pour nous et partager notre joie d'être là.

Nous avons quitté la planète Terre et le temps n'a plus la même valeur. Dimension bien relative en réalité. Nous rajeunissons. Nous avons 6 ou 7 ans avec nos copains; nous observons de loin les grands qui s'affairent autour de l'autre bûcher.

Mais les grands viennent nous tirer par le bras et nous ramènent à leur réalité : un autre univers, hors de notre monde.

Les braises rougeoient. Le noir de la nuit enveloppe la jungle et les premiers chants commencent à faire vibrer le néant.

Les Orang Asli ne voient pas la caméra, ils n'ont pas conscience de la présence du micro. Ils sont venus pour s'amuser et ils semblent heureux. Leur musique nous happe de nouveau (Fichier = malaisie-jungle-danse.mp3 ; Taille = 1365 ko). Parfois, leurs sourires nous expriment qu'ils sont là pour nous offrir ce qu'ils aiment, et nous, nous avons pédalé pour connaître ce qu'ils aiment. Les mots sont inutiles pour nous comprendre.

Toute une rangee de bambous qui ondule Father nous glisse tout de même un "thank you" en passant. C'est lui qui nous remercie !

Plus tard, father s'enhardit : "You sleep my house ? Yes ? .... Yes ! Thank you !".

Nous avons de la chance: quelle BELLE vie ! Notre seul mérite aura été d'avoir cueilli la fleur sur notre chemin, d'avoir interrompu notre marche pour chercher la beauté là où elle se trouvait.


Notre monde est bien imparfait si on le regarde avec un oeil critique, mais une harmonie intrinsèque nous lance tous les jours des clins d'oeil chargés de sous-entendus. Pas besoin de gratter bien loin.

Les bûches les plus sèches sont réduites en cendres et le tas a bien diminué. L'humidité aidant, le brasier se réduit, la force des chants perd peu à peu son intensité.


Les dernières percussions s'évanouissent doucement dans l'obscurité.

Les fantômes incandescents qui tournaient autour du feu se rassemblent maintenant autour de nous. Isa et moi posons les pieds sur terre avant de repartir dans notre rêve, en observant les images de la caméra. Concerts de rires tandis que certains enfants découvrent pour la première fois leur nouvelle apparence en digital video. Nous avons capté leurs réactions pour vous (Fichier= malaisie-jungle-videolaugh.mp3 ; Taille= 216 ko).

Retour dans la cabane sur pilotis. Father a démarré son groupe électrogène et quelques néons inondent son salon d'une lueur blanchâtre blafarde. La télévision renvoie les images d'un concert enregistré sur video-CD. Les quatre enceintes nous rapportent sans effort les consternantes mélodies de cette variété thaïlandaise insipide. Jungle, où es-tu donc passée ?

    "You hungry ? Eat !"

Une heure du matin: Madame Mère et ses filles se sont remises à cuisiner pour nous. Elles ont compris que nous n'avons rien avalé depuis le petit déjeuner.

    "Sleep here, yes ?"

Father montre un grand matelas, le sien manifestement, posé à même le sol de la cuisine. Isa et moi nous consultons du regard, avant de relancer le débat :

    "And you and your wife, where sleep ?"

Son geste vague nous répond : il dormira par terre. Nous proposons à father :

    "No. You and wife sleep here. Matelas big. Four people, no problem", le tout accompagné des gestes appropriés.

10h. Les premiers poulets entrent dans la maison. Le fond de l'air sent le riz et la salade cuite. C'est le moment de nous réveiller. Nous proposons:

    - "Anybody wants coffee ?"

17 têtes observaient notre réveil, 16 bras se lèvent. Forcément, du Nescafé sélection, c'est rare au milieu de la jungle. Nous extrayons donc nos seize dosettes de Nescafé. Tandis que les premiers verres de café fumant sont distribués, "Nescafé !", "Nescafé !" est murmuré çà et là.

Retour vers le bitume Traversée d'un morceau de jungle en sens inverse. À Goa Musang, Ada n'est pas là; son Syndicat Orang Asli est fermé à clef: nous sommes en Malaisie, le pays aux 44 fêtes religieuses.

Nous interrogeons une Malaise. Elle sait où nous pouvons passer la nuit. D'une main, elle nous tend des bougies, de l'autre appelle son fils: "Ouvre cette maison inoccupée, nettoie-la, rétablis l'eau et le courant pour les deux voyageurs".

Pour la deuxième fois, nous percevons la nuance musulmane dans la notion de l'accueil. Une demi-heure plus tard, le fils nous ouvre les portes de notre 90 m2 tout confort. Les vitres sont cassées, mais les tortillons anti-moustiques veillent sur notre tranquillité.

    "Je vais à Kuala Lumpur en stop. Tu restes ici ?".
Pas affolee sur l'autoroute, la fillotte ! Oui, Isa franchira les 340 kilomètres qui nous séparent de Kuala-Lumpur en quelques heures : trop d'affaires à régler avant son départ de Singapour vers Rio. Frédéric l'hébergera à Kuala-Lumpur. Frédéric, notre ami rencontré à Téhéran. Frédéric, l'ami fidèle qui nous suit et nous envoie des mails. Officiellement : fait de l'import de vin et autres produits français en Malaisie. Officieusement, c'est-à-dire ce dont il ne parle jamais : un voyageur qui a vu plus de pays qu'Isa et moi réunis, qui les connaît vraiment.

Les Petronas Towers ressortent du bouquet de gratte-ciels
Jungle de moins en moins sauvage; des paysages qui ressemblent de plus en plus à l'Auvergne. La forêt vierge tire sa révérence et laisse la place à la plantation de buildings. Les Petronas Towers ressortent du bouquet; elles m'attirent. Tout autour, un beau béton de grande qualité repousse aussi loin que possible les racines de la Malaisie.

Isabelle m'attend bien au Putra World Trade Center, chez Frédéric. "Viens le plus vite possible. Il va peut-être falloir que vous fassiez une conférence à l'ambassade de France d'ici peu" m'avait-il glissé, alors que je l'appelais de la seule cabine téléphonique qui fonctionnait, lors de la traversée des 50 derniers villages.

Isa est rayonnante. Matteo, son Italien rencontré en Mongolie l'attend au Brésil. Et Frédéric nous bichonne, dans son 140 m2 bien situé dans une des ville les plus modernes du monde. "Ici, vous avez un accès à Internet, un téléphone, une piscine, une machine à laver. Reposez-vous tranquillement".
Marc Gouguenheim n'est plus très loin non plus: Marc, mon copain de déjà 10 années prospère activement dans cette grande capitale, occupé par sa propre agence de pub. De fait, pendant quelques jours, je cours sur les pas de Marc, profitant des trop courts moments que ses clients lui laissent, pour tenter de rattraper les 5 dernières années durant lesquelles nous ne nous sommes pas vus.

Une page supplémentaire se tourne lorsque Marc me présente ses amis Julian et Jenny, couple chinois en Malaisie (comme 30% de la population).
Avec eux tous, je passe le plus grand nombre des soirées de fin d'année au "pool" (billard). Julian, qui m'habille avec ses caleçons, chemises et pantalons, pour que je ne porte pas mes guenilles, me présente chaque jour une voisine, une copine, Alice, collègue de Jenny, et d'autres créatures souriantes. Dans le fond, car j'ai du mal a cacher mon amour pour ce pays: j'ai craqué pour la jungle, pour les Malaisiens, pour la ville ultramoderne, pour le climat équatorial.

Bien informé, je cours enregistrer les Tambours -Dikir Ramyong- et les voix de filles -Dikir Rabat- (Fichiers: malaysia-kl-malayauniv-students1-guy.mp3, taille=1.4Mo et malaysia-kl-malayauniv-students2-girl.mp3, taille=1.44Mo) à Malaya University, profitant de l'excitation incontrôlable du professeur de musique: "Oh, you want to make an audio-CD ! Oh, come tomorrow: my band will play for you, only for you, a few old pieces from the thirties." Et voici donc ce qu'il nous propose:
A Noël, Marc, Jenny et Shy, Julian m'offrent une machine à préparer le riz (l'empreinte de l'Asie est forte) et me confient un très petit ordinateur pour qu'Isa puisse écrire plus de mails à son amore.

"Regarde, je viens de recevoir un mail de Lucas et Lea, nos globe-trotters favoris à vélo. Ça te dirait de les rencontrer ? Ils vont entrer en Malaisie la semaine prochaine"

"Ha, oui, bien sûr, sans doute, mais, est-ce qu'ils prennent du haschich ?" Manifestement, Julian est hanté par l'image des drogués-épaves. En effet, dans ce pays, on ne décèle pas trop d'odeur de hasch dans les bars. Le trafic de drogue est passible de la peine capitale. Mais la simple consommation peut mener à être interné dans l'un des 21 centres de rééducation pendant 3 ans. Tout comme les 10 000 autres drogués qui y séjournent, le contrevenant goûtera à la cellule de désintoxication et d'éducation religieuse, avant de se laisser revigorer par quelques travaux forcés.
"Non, je ne crois pas que Lea ou Lucas fume. Je vais le leur demander par e-mail, si cela te tient tant à coeur."

Haut des 2 immenses Petronas Towers Dans la tourmente des ressortissants français, je rencontre Jean-Michel, professeur de cuisine française et fana de voyages; il me dévoile des photos magiques et parlantes de Népal (Fichier = nepal-katmandou.zip, Taille = 1233 ko) , et du Laos ( Fichier = laos.zip, Taille = 1239 ko). Jean-Michel me propose de venir au Taylor's College, où il enseigne, retracer les grandes lignes de notre périple face à ses étudiants. Au cours de l'abondante collation qui s'ensuit, j'entends de temps à autres des questions comme "Did you meet any ghosts during you trip ?" (c'est qu'ici, les fantômes ne sont pas une superstition: on a beau vivre dans un milieu aisé au coeur d'une société de consommation dans une cité ultramoderne, on sait que les esprits sont parmi nous et on ne traitera pas de naïf celui qui l'affirmera; on le questionnera plutôt ainsi: "Ah, tu l'as rencontré cette nuit ! Dis-moi où exactement"). D'autres voix bien féminines, toutes les 30 secondes, me demandent aussi:

    "What a beautiful trip ! Hey, are you married ?"
Nooooon, pas encore...



SINGAPOUR

Là-bas, je retrouve Raphaël, copain de promo et asiophile convaincu, évidemment francophile comme tous les expatriés, mais uniquement pour ce qui touche à la culture. Son parcours est impressionnant, et les retrouvailles sont chaleureuses, au détail près que je ne peux m'offrir de suivre le train de vie de ses soirées dans les pubs à la mode.

Laurent, autre camarade de promo, redynamisé par sa réussite professionnelle dans le pays le plus riche d'Europe, est venu du Luxembourg pour nous retrouver le 31 décembre dans l'Etat le plus dynamique d'Asie.

skyline de la ville propre et luxueuse Tous les soirs de ces dix jours, mon petit vélo rouge contemple le coucher de soleil sur la skyline de la ville propre et luxueuse, qu'aucun bruit ne vient déranger. Pas une manifestation même ! Ici, personne ne se bat pour défendre ses libertés. De toute façons la presse et la télévision sont muselées. Et pour ce qui est des citoyens, la police n'hésite pas à leur coller une amende pour port de cheveux longs, "mangeage de choucroute prohibé dans le métro", traversée de la route hors des passages cloutés et j'en passe...

La légende dit même que toutes ces caméras dans les ascenseurs permettent de contrôler que les rebelles n'urinent pas dans ceux-ci, au cas où ils auraient voulu protester contre l'interdiction de fumer dans sa propre voiture, de mâcher du chewing-gum sur le territoire de Singapour.



De toute évidence, on ne vient pas vivre dans cette ville pour revendiquer des libertés mais pour gagner plus d'argent: le gouvernement appelle lui-même cet état une MERITOCRACY, utilisant sa propre variante de l'anglais : le "Singlish", comme c'est la coutume ici.

Au cours d'une de ces soirées arrosées, Raphaël nous montre l'antique Mitre Hôtel 145, exception centenaire dans la clinquante Singapour: l antique Mitre Hôtel 145, exception centenaire dans la clinquante Singapour "l'hôtel appartient à une famille constituée de 17 membres. La moitié d'entre eux veut le vendre (valeur: plus de 40 millions de dollars). L'autre moitié veut l'exploiter. En 20 ans, ils n'ont pu se mettre d'accord, et continuent à louer les chambres à bas prix, sans les rénover. "Lors de ma dernière visite, j'y ai trouvé à même le sol des journaux imprimés voilà 40 ans. Les trous dans les toits ne sont pas réparés. Vous le sentez: l'ambiance est étrange ici. Jusqu'à maintenant, personne n'a eu le courage de faire le tour de cet hôtel. Si vous essayez, vous sentirez les herbes folles remuer sous vos pieds... nerveusement insupportable."

j ai tente le tour complet, camera video au poing Pour vous, bravant chiens de garde, chats à la queue coupée (en Asie, on prétend qu'ils naissent ainsi), cobras et boas dans les herbes folles, j'ai tenté le tour complet, caméra video au poing. Quelques images pour attester de l'exploit unique !

Manifestement, j'en suis ressorti vivant.

Les meilleurs crabes que j'ai dégustés au cours de ce tour du monde, se dénichent en bordure de mer à Singapour. Les écrevisses bien vivantes et frétillantes vous sont présentées, avant qu'on ne les endorme avec de la liqueur et qu'on ne vous les sacrifie; pendant que vous les épluchez, au large, le casino flottant (paquebot réaménagé) fait son plein de gamblers; un peu plus loin, pour éviter de payer la taxe de port et de se soumettre aux lois locales, les cargos géants transbordent leurs marchandises, de nuit, aidés par des grues colossales arrimées sur d'immenses quais flottant, dans les eaux extraterritoriales.

Ici, on peut poser la camera pour faire des plans sans risque de se faire voler l equipement Sans qu'on ait à fouiller bien loin, un petit quartier occidentalisé, gentiment nommé Little-India, regroupe les intraitables commerçants indiens ("it's alweady ze lowest plice, my fliend !"); Qu'on se le dise: là où se trouve l'argent, toute entente est possible car ce quartier côtoie Arab Street, timide imitation d'un souk aseptisé et trop bien léché de la plus propre des villes arabes.

L'Asie, c'est tout sauf cette ville artificielle. Julian et Marc sont d'accord pour héberger Laurent. Nous effectuons un saut de puce vers ma Kuala-Lumpur adorée.

    - C'est sale ! Ça pue !
    - Ah, non, Laurent, ici, ce n'est pas sale: la Malaisie un des pays les plus léchés et propres d'Asie.
    - Après le Luxembourg et Singapour, c'est sale. Désolé !
Nos référentiels ne sont plus les mêmes. Isa et moi nous sommes habitués tout naturellement à la crasse du Vietnam, aux inondations et aux routes défoncées du Cambodge, alors, forcément, un trottoir intact sur plus de 20 mètres, cela nous semble la panacée !

Laurent repart, et je commence la préparation de mes bagages pour mon vol Kuala-Lumpur - Rio de Janeiro.

En 20 heures de voyage, mon univers va changer.
A l'autre bout de la Piste, à Rio, Isa rayonne: "le Brésil est un pays de beauté et de sensualité, tu verras"



Après l'enregistrement des musiques à la Malaya University, j'ai été bichonné par une famille française: Jean-François m'a proposé quelques textes écrits au cours de ses promenades en Malaisie: un regard différent: Fichier: la-malaisie-jfreiter.rtf à télécharger; Taille=10 ko

    1- L'islam au travers de l'âme de la sarbacane
    2- La chute du temps
    3- Un autel chrétien contre un temple chinois
    4- L'écho du bonheur
Pour les affamés d'Asie, voici "L'islam au travers de l'âme de la sarbacane"

    A 3 heures de Kuala Lumpur en voiture, le ponton au milieu de la forêt ;
    A 2 heures en pirogue du ponton, le camp de base en pleine jungle ;
    A 1 heure en pirogue du camp de base, les Orang Asli, peuple primitif vivant en pleine forêt ;
    Notre guide malais nous explique la coutume de ces quelques primitifs
    vivant encore isolés du monde et chassant dans la jungle.
    Il nous détaille leur vie nomade, leurs coutumes ancestrales, leurs superstitions ;
    ces hommes et femmes quasiment nus nous sourient.
    Au moment de partir, bien qu'ayant émis de nombreux signes de respect à leur égard,
    le chef du clan, à notre grande surprise,
    s'approche de nous et nous barre la route en avec sa sarbacane.
    Notre guide m'indique que, chose rare, le chef pour marquer sa confiance,
    Nous invite à utiliser son arme.
    Un bel oiseau multicolore attaché sur un perchoir m'est donné comme cible.
    Le chef adresse quelques mots à mon guide. Celui-ci me traduit :
    < vous devez apprécier la qualité de celle-ci en vérifiant que son âme est parfaitement rectiligne.>
    Je tends la sarbacane à bout de bras en direction du ciel.
    So, what do you see ? me demande mon guide.
    De façon posée je lui indique, sans hésiter : <I see the moon>
    En effet, bien qu'étant en plein jour, la lune est visible
    et je l'aperçois au travers du canon de la sarbacane.
    Le ton du guide change, sérieux et grave : <C'est donc le début du Ramadan>
    De retour au camp de base notre guide obtient confirmation
    que le Ramadan vient d'être déclaré par les hautes autorités religieuses.
    Et c'est ainsi que je devins, accompagné de tout le respect qu'il se doit,
    le grand prêtre islamique de Taman Negara,
    moi qui n'entends rien à l'Islam et à son Ramadan.

      Taman Negara, Décembre 2000

Le 3ème petit mot de Xav':

Et si vous êtes tentés par la version intégrale de mon carnet de bord, cliquez ici:
Fichier: malaisiexavier.rtf à télécharger; Taille=50 ko

Les collections de photos du Népal et du Laos, prises par Jean-Michel, sont accessibles ci-contre:

  • Népal (Fichier = nepal-katmandou.zip, Taille = 1233 ko)
  • Laos ( Fichier = laos.zip, Taille = 1239 ko)
Vous ne pourrez pas dire qu'on ne vous fait pas voyager avec nous !

Si la suite vous tente, commencez par aller découvrir les musiques brésiliennes avec nous, et rejoignez le carnet de bord suivant: vibrant Brésil.

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